La faute à pas de chance ? A de méchants concours de circonstances ? Au silence ? L’histoire de Diana, morte à 8 ans, est de celles qu’on voit à la une des journaux : un fait divers qui provoque la nausée car, derrière la photo d’une gamine souriante, surgit le fantôme de la violence des uns et l’indifférence des autres. Diana a été enlevée, affirment ses parents, bouleversés devant les caméras. Mais pour ceux qui ont côtoyé l’enfant, pas de doute : Diana est morte sous les coups de son père. Sa courte vie est narrée par des témoins qui, l’un après l’autre, démontent la terrible mécanique. Il y a la grand-mère, qui, un beau jour, n’a plus de nouvelles. Les déménagements sont la meilleure parade du couple, qui ne laisse rien derrière lui. La première institutrice comprend vite que, derrière le sourire de Diana, sa « maladresse », se cache autre chose. Commencent les démarches sans fin auprès des autorités responsables : directrice, médecin scolaire, assistante sociale. Et toujours, face à eux, des parents « si charmants », d’une politesse extrême. D’autres écoles, d’autres convocations aboutiront à une décision officielle, mais elle arrivera trop tard.
Glacé comme un procès-verbal, le choeur des témoins s’exprime sans pathos, impuissant et tragique. En évitant les effets de style ou une mise en scène fictionnelle, Alexandre Seurat n’a pas besoin d’écrire un texte accusateur. Il est présent, comme un frère fantôme, près de la porte qui s’est refermée sur Diana à l’heure de mourir, seule. — Christine Ferniot
Ed. du Rouergue, coll. La Brune, 124 p., 13,80 €.
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