La Maison des enfants

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La Maison des enfants

Défiguré, Morgan vit reclus dans un manoir plein d’objets exotiques et de livres rares. Un à un, des enfants mystérieux viennent s’installer chez lui, toujours plus nombreux… Il les accepte et les choie, s’étonne de leur précocité, et cherche en vain la raison de leur présence feutrée. Maison hantée ? Conte maléfique ? Il ne faut pas se fier au résumé de ce livre en équilibre rêveur en­tre roman gothique et cauchemar d’anti­cipation. A l’image de la maison, pleine de surprises, de découvertes dérangeantes et d’étranges poches de silence, le récit ne s’ouvre jamais sur les lieux communs du fantastique.

On se croit à l’époque victorienne, dans la touffeur morbide des bibliothèques précieuses et des roseraies abandonnées. Puis, à mesure que l’on apprend à connaître le tendre et monstrueux Morgan, à fouiller ses souvenirs et ses traumas, lorsque le tableau s’agrandit, même ce repère s’évapore : le domaine, son parc, son hangar à bateaux, son lac opaque, est un îlot étrangement préservé et anachronique au sein d’une société moderne ravagée — guerre civile, fascisme ? Ce monde, l’écrivain britannique le rend d’autant plus inquiétant qu’il le décrit avec une douceur contemplative, jouant de l’ellipse et de la suggestion comme un cinéaste doué filmerait le vide : pour révéler les fantômes. — Cécile Mury

 

The Children’s Home, traduit de l’anglais par Marie de Prémonville, éd. Anne Carrière, 250 p., 20 €.

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