La Fuite du temps

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La Fuite du temps

« Depuis que je suis tout petit, je me bats avec les mêmes visions fulgurantes liées à la nature. Encore aujourd’hui, quand je marche, j’ai l’impression que je pourrais soudain m’envoler. Je suis tous les jours traversé par des rêves éveillés d’une extrê­me violence… » confessait Yan Lianke dans Télérama, voilà un an. Son nouveau livre est un exutoire à ces hallucinations rurales qui le secouent sans ­ménagement. Comme dans son chef-d’œuvre, Le Rêve du village des Ding, ­l’intrigue se passe dans un village reculé, rongé par la maladie. Une malédiction locale empêche les habitants de ­dépasser l’âge de 40 ans. Pour gagner l’argent qui permettra de soigner les siens, chacun vend son corps : des morceaux de peau pour les hommes, et des pans de vertu pour les femmes, condamnées à la prostitution. C’est le cas de Sishi, paysanne pour qui en pince le chef du village, Simi Lan. L’homme n’aime plus son épouse, « bambou desséché dont saillent tant les os qu’ils pourraient percer à tout moment », et le lui fait savoir avec force violence. Yan Lianke laisse crier les haines et regarde s’abattre les cataclysmes naturels avec la même élégance hébétée. Il porte sur les êtres en furie un éternel regard d’enfant inter­loqué, partagé entre l’hypnose et la fuite. Chez lui, c’est toujours la nature qui l’emporte : la grêle, le soleil beau « comme une courge mûre », les plaqueminiers sur lesquels grimpent les enfants.

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