La Fourmi assassine

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La Fourmi assassine

C’est une sorte de serpent à mille pattes, capable à force de torsions de faire des noeuds avec son corps. Une phrase au long cours, gigogne et baladeuse, qui occupe à elle seule la première page du roman et lui donne d’emblée sa fantaisie et son brio. Le récit, qui joue sur les codes du roman policier, se poursuit ainsi. Les phrases explorent différents sens, partent par ici, reviennent par là, s’échappent. Le lecteur à leur suite s’interroge, constamment mobilisé. L’enquête policière est là, dans le déchiffrement du texte, et c’est un pur bonheur.

Patrice Pluyette, l’auteur de La Traversée du Mozambique par temps calme, déploie tout son talent, sa capacité d’invention, son humour grinçant et sa poésie mélancolique. Odile Chassevent a disparu. L’inspecteur Rivière, « distant, scrutateur, froid », mène l’enquête. Francis, le compagnon d’Odile, devient vite suspect, passe aux aveux, mais le voici rapidement concurrencé par le « fils débile de la mère Lagousse », coupable idéal, éleveur de porcs solitaire qui promène ses poupées gonflables dans les galeries du supermarché.

Portraitiste incisif, critique subtil de notre société, Patrice Pluyette laisse venir la folie de ses héros, l’un d’apparence banale, l’autre plus sérieusement à l’ouest, mais tous deux enfermés dans l’invention de leurs vies, entraînant les lecteurs dans les méandres de leurs rêves. L’aventure, singulier hommage à la fiction, vaut très largement le détour. — Michel Abescat

 

Ed. du Seuil, 142 p., 15 €.

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