La Danse de l’araignée

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La Danse de l’araignée

Paru en 2007, le premier récit de Laura Alcoba, Manèges, était sous-titré Petite histoire argentine. Avec Le Bleu des abeilles, en 2013, et aujourd’hui La Danse de l’araignée, elle poursuit son autobiographie plus romanesque que véritablement romancée, accompagnant la vie de sa famille pour la raconter à hauteur d’enfance : la dictature militaire, la clandestinité, le père en prison à La Plata, la mère obligée de changer d’apparence pour quitter son pays et s’installer près de Paris avec sa petite fille…

Cette dernière a à présent 12 ans, l’âge du premier soutien-gorge, des amitiés enflammées et de l’entrée en sixième au collège Travail — qui porte si bien son nom… Ponctuant ce quotidien de gamine comme les autres, surgissent d’autres histoires où l’exil, l’absence paternelle et la pratique forcenée de la langue française viennent comme en surimpression. Pourtant, en privilégiant l’anecdote, les émotions furtives, Laura Alcoba s’autorise une fraîcheur qui n’est jamais factice, une écriture piquante qui décrit une adolescente à fleur de peau, un moment riante et l’instant d’après fontaine de larmes.

Et tandis que, reclus dans sa prison argentine, le père continue d’adresser à sa fille des lettres truffées d’interrogations sur son apprentissage de la culture française, pour elle, au-dehors, le décor et la vie changent. Le déménagement à Bagnolet, « au bout de la ligne de métro », certes, ce n’est pas encore la si séduisante vie parisienne, mais cela ne semble plus tout à fait la banlieue. Laura regarde par la fenêtre les deux tours Mercuriales qui, tels des miradors, marquent la frontière entre la capitale et le reste du monde — pendant que, dans son cachot, son père se tient derrière d’autres fenêtres…

Laura Alcoba écrit en français, la langue de l’exil devenue pour elle la langue de la liberté — comment lire aujourd’hui son histoire sans songer à d’autres familles contraintes à la fuite, d’autres individus déracinés, d’autres exils ? — Christine Ferniot

 

Ed. Gallimard, 160 p., 14 €.

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