La Conjuration

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La Conjuration

On marche beaucoup dans ce roman, on se faufile, on se glisse, on pénètre dans les interstices, loin des chemins balisés. Et l’on en jouit, incontestablement. Le texte est savoureux, surprenant, documenté, formidablement physique et incarné. Et l’on découvre, à la suite du narrateur, un Paris que l’on ignore, celui des marges les plus secrètes, des souterrains, des angles morts. Le narrateur, on l’a croisé, en 2007, dans Un livre blanc, un des précédents ouvrages de l’auteur. Ce narrateur, piéton inlassable, arpentait déjà les « zones blanches » de l’Ile-de-France – terrains à l’abandon, usines désaffectées – repérées sur la carte IGN nº 2314 OT. On est toujours précis chez Philippe Vasset, c’est la réalité qui inspire la fiction et la fait décoller. C’est encore le cas.

Le narrateur est revenu sur ses terres, mais les espaces ont été comblés. « Plus de vacant, plus d’inutile, seulement du neuf, du vernis et du fonctionnel. » On laisse le plaisir de découvrir comment il va subvertir tout cela et finir par entraîner derrière lui un petit groupe de personnes dans une aventure de plus en plus radicale : quitter définitivement les chemins habituels, passer au travers, par en dessous, escalader les façades, s’introduire par effraction dans les immeubles de bureaux et les appartements. Arrêter de jouer, se faire invisible, disparaître, refuser la vie qui nous est imposée, celle d’une humanité de plus en plus fantomatique, ces hommes et ces femmes qui nous ressemblent, « leurs gestes absents, leurs regards vides et ces trajets qu’ils enchaînent chaque jour, toujours les mêmes… » La Conjuration est ainsi un livre aussi ludique que passionnant, qui suggère, avec une belle puissance, que le premier acte de résistance est de se changer soi-même.

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