La Colère de Fantômas Tome 1 : Les Bois de Justice
Il a mis l’Europe à feu et à sang. Il a torturé, tué, incendié, pillé. Olivier Bocquet tient à rappeler qui fut vraiment Fantômas. A le rétablir dans ses droits de pur génie du Mal, tel que Pierre Souvestre et Marcel Allain l’avaient imaginé il y a un siècle. Un criminel hyperbolique, diaboliquement intelligent, et jamais plus dangereux que quand il semble hors d’état de nuire. Qui d’autre que Fantômas peut, à l’instant où sa tête va tomber sous la guillotine, crier à la foule : « Je me vengerai ! »
Avec ce premier volet d’un triptyque annoncé, les auteurs frappent fort, accumulant, en une parade sanglante et échevelée, les apparitions/disparitions du héros masqué. Le personnage et son mythe sont étroitement mêlés dans cette vibrante relecture de la saga originale (32 volumes parus !) : à mesure que le maître du crime règle ses comptes avec les magistrats, les politiciens, les bourgeois, les flics, s’insinue dans le récit, au-delà des péripéties, ce mélange détonnant d’effroi et d’excitation grâce auquel prospère, dans le Paris de 1911, la légende d’un Fantômas en guerre avec la société tout entière.
C’est cette société, saisie dans son jus, que le dessin de Julie Rocheleau, vivifié par un usage audacieux et inspiré de la couleur, s’empresse de libérer des pesanteurs de la reconstitution : elliptique quand c’est le mouvement qui compte (et ici, il est capital), il est sarcastique pour épingler les hypocrisies bornées des susnommés ennemis intimes du héros, et expressif jusqu’au fantastique quand il s’agit, aussi, d’insuffler le deuxième degré d’un pur roman-feuilleton d’époque.
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