Je suis en vie et tu ne m’entends pas

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Je suis en vie et tu ne m’entends pas

En 1945, Klaus Hirschkuh déambule dans sa ville natale. Sa démarche est « prudemment égale » au coeur de Leipzig en ruine. Le jeune homme qui frappe à la porte de ses parents vient de passer quatre ans à Buchenwald. Il y a été enfermé pour son homosexualité. Klaus ne peut exprimer ce qu’il a vécu, supporté durant ces années d’horreur. Il a 23 ans et son corps décharné déconcerte ses proches, qui ne savent comment l’accueillir. Klaus ne restera pas longtemps dans ce monde qui n’est plus le sien. Trop de barbelés, de corps martyrisés, de hurlements continus l’ont rendu étranger dans sa propre maison. Le voilà exilé en France, mais aura-t-il jamais fini d’expier, lui qui conserve encore sur le bras le numéro 5395 … Je suis en vie et tu ne m’entends pas est le roman d’un survivant qui voudrait se glisser dans l’ombre de la banalité, d’un amoureux qui ne pourra jamais aimer au grand jour. Rejeté, encore et toujours — dans les années 1980-1990, ce sera cette fois des hôpitaux où l’on soigne les malades du sida. Un jour, enfin, il osera pourtant se dresser pour témoigner, lorsque à cinquante ans de distance le racisme et la haine hurleront les mêmes mots.

Ce roman est un hommage à la mémoire des déportés homosexuels, mais il va au-delà de ce geste. L’écrivain recompose une langue pour dire la rage et la tristesse, il nous surprend avec des mots d’une extrême crudité, rythmés comme des cris, puis revient doucement près de ce gisant qui ressuscite. Brûlant et glaçant à la même seconde, ce beau livre trouve toujours la distance exacte pour parler de l’insoutenable réalité. — Christine Ferniot

 

Ed. Actes Sud, 270 p., 20 €.

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