Je ne retrouve personne

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Je ne retrouve personne

Les romans d’Arnaud Cathrine composent, peu à peu, un puzzle subtil et passionnant, chaque nouveau texte venant apporter une pierre à l’édifice, la recherche inlassable d’une vérité intime, d’une liberté de soi que seule l’écriture permet d’approcher et d’imposer, quelles qu’en soient les conséquences. Il ose ainsi, livre après livre, une sorte d’autoportrait crypté, les masques de la fiction servant à faire tomber, un à un, ceux de la vie réelle. On retrouve, dans ce nouveau roman, la grande maison normande où se tenait, dans Sweet Home (2005), le lent effondrement d’une famille d’apparen­ce heureuse. C’était alors l’été, aujour­d’hui c’est l’automne, bientôt l’hiver. Aurèle, 35 ans, un nouveau personna­ge mais qui ressemble aux précédents, est de retour dans cette maison, celle de ses premières années, pour recevoir l’agent immobilier chargé de la vendre. Ses parents habitent Nice désormais, son frère est coincé par le tournage d’un film. Le voici donc contraint de représenter la famille, lui que le « métier » d’écrivain rend plutôt disponible. Venu pour deux jours, il va rester trois mois pour tenter de solder une fois pour toutes les comptes de sa jeunesse.

Arnaud Cathrine, avec son acuité habituelle, brosse ainsi le portrait d’un éternel jeune homme, inaccompli, empêtré dans une enfance et des liens familiaux dont il ne parvient pas à se libérer, incapable de s’engager « autrement que dans l’écriture ». Sa jeunesse est partie, il ne retrouve personne et ne s’est pas encore trouvé, faute d’affirmer au grand jour sa singularité et sa liberté, son goût des « chemins de traverse, des sentiers dépréciés », lui qui n’est pas « fabriqué pour emprunter les grandes avenues et habiter les foyers respectables ». Le jour où il en sera capable, alors seulement pourra-t-il comprendre pourquoi il écrit.

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