Je me souviens de l’imperméable rouge que je portais l’été de mes vingt ans

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Je me souviens de l’imperméable rouge que je portais l’été de mes vingt ans

Ne nous y trompons pas, été comme hiver, l’habit fait le moine… C’est ce que révèle avec malice Lydia Flem. Inspiré par Georges Perec, son récit se compose de quatre cent soixante-dix-neuf fragments sensuels qui tissent une réflexion profonde sur nos vêtements. Sons et sens n’y font plus qu’un. Des pieds à la tête : capeline, canotier, babouches ou derbys, en passant par les poches, kangourou, gousset, passepoilée, autant de mots fascinants, étoffe qui enveloppe notre corps tout entier : froufrou, guipure, gros-grain. Mais pour qui s’habille-­­t-on : soi ou les autres ?

« Je me souviens que Roland Barthes dans son Système de la mode rappelle qu’il existe une langue du vêtement. La mode est d’abord un récit. » Ecrivain, psychanalyste et photographe, née en 1952 à Bruxelles, Lydia Flem, qui a consacré des essais à Freud et ­Casanova, aime à écrire sur des événements cardinaux, la maladie (La Reine Alice), la mort des parents (Comment j’ai vidé la maison de mes parents), le départ des enfants (Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils). Ici, c’est le vêtement qui porte l’empreinte de la vie. En ce domaine, les gestes les plus quotidiens en disent long : la difficulté qu’il y a à nouer ses lacets quand on est petit, l’attente d’un compliment lors­qu’on porte un nouveau vêtement, ou la drôle d’impression consistant à retrouver longtemps après des objets oubliés dans ses poches… Lydia Flem explore très librement les plis de nos habits : sociologiques (de la « tyrannie du corset » à l’« impératif d’être mince »), linguistiques (faire du lèche-vitrine ou être fagoté à l’as de pique), cinématographiques (les robes de Peau d’âne, couleurs du Temps, de Lune, du Soleil), littéraires (Barbey d’Aurevilly traitant les femmes qui écrivent de « Bas-bleus »), intimes (« Je me souviens que j’ai longtemps dormi nue »). « Nos habits nous habillent, mais c’est nous qui les habitons. » — Juliette Cerf

 

Ed. Seuil, coll. La Librairie du XXIe siècle, 258 p., 17 €.

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