Isadora

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Isadora

Le temps ne rend pas justice aux interprètes. Rares sont les comédiens, chanteurs ou ballerines dont le souvenir persiste longtemps après leur mort. Isadora Duncan fait partie des exceptions. Disparue en 1927, à l’âge de 50 ans, la danseuse américaine n’est jamais tombée dans l’oubli. Biographies, films, spectacles rendent périodiquement hommage à celle qui révolutionna les canons de la danse classique et dont les frasques alimentèrent durablement les chroniques. Mystique, non conformiste, inspirée par la Grèce antique, privilégiant l’improvisation et les tenues (très) légères, la jeune femme se produisit sur les plus grandes scènes d’Europe, devant des foules électrisées par tant de sensualité et d’audace. Adulée, courtisée, détestée, la belle Isadora, qui fréquenta évidemment le gotha ­artistique de son époque, est un cadeau piégé pour les biographes. Trop de tout. Inextricable écheveau de faits, d’anecdotes, de témoignages, d’allégations et de légendes, le récit de sa vie suffirait à remplir plusieurs tomes !

Plutôt que décrire ce tourbillon, ­Julie Birmant et Clément Oubrerie ont préféré en restituer le souffle. A petites touches, en s’appuyant sur quelques épisodes clés, comme son passage dans l’atelier de Rodin, au festival de Bayreuth ou sa « retraite » en famille sur les pentes de l’Acropole, les auteurs de Pablo composent un portrait délicat et elliptique. Léger comme les étoffes qu’elle aimait à porter. Leur Isadora apparaît comme une jeune femme toute simple et étonnamment moderne, un être mû uniquement par ses désirs et son instinct, sans calcul ni mystère. Agréablement construit, ce récit, qui peut se lire comme le pendant d’Il était une fois dans l’Est (2015), brille surtout par la qualité de son dessin. Inspiré, précis sans être jamais photographique, jouant sur les formats et les à-plats de couleurs, Oubrerie aime plus que jamais surprendre. — Stéphane Jarno

 

Ed. Dargaud. 140 p., 22,90 €.

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