Impostures. Vol. 2

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Impostures. Vol. 2

La parodie a quelque chose de freudien. Tourner en ridicule ce que l’on aime, déboulonner ses propres mythes est un plaisir tordu mais salutaire, auquel Romain Dutreix s’adonne avec application. Non content d’avoir passé à la moulinette Spirou et Fantasio, Lucky Luke, Astérix, Boule, Bill et autres icônes de notre folle jeunesse dans le premier volume de ses Impostures, le dessinateur récidive. Dans son viseur, cette fois, des auteurs « modernes » : Pratt, Moebius, Tardi, Bilal, Taniguchi, Sfar et leurs personnages, Corto Maltese, Adèle Blanc-Sec, Horus, le Chat du rabbin… Tics, facilités, incohérences : rien n’échappe à l’oeil du caricaturiste. Et son humour décapant, qui place ces icônes du neuvième art dans des situations pour le moins insolites, fait le reste. Décalées, anachroniques, souvent très drôles, ces saynètes ne donnent pas pour autant dans le jeu de massacre. Rien à voir avec les Dirty Disney, versions trash de Mickey, ou avec les satires pornographiques de Tintin réalisées clandestinement dans les années 1960. Impostures s’inscrit dans la veine de Gotlib qui voulait moins choquer le bourgeois que disséquer le langage des images, en montrer toutes les ficelles, et surtout nous faire rire avec. Même souci pour Romain Dutreix qui, s’il distribue quelques coups de griffe à Sfar et à Luc Besson, ne châtie vraiment bien que ce qu’il aime. Il faut beaucoup d’amour en effet, et des journées entières en compagnie des mêmes vieux albums, pour dessiner une histoire comme Les Gars de la marine, où Corto Maltese explique à Haddock, à Barbe-Rouge et autres loups de mer des bulles franco-belges comment « pécho » et devenir un « gossbo » ! — Stéphane Jarno

 

Ed. Fluide Glacial, 56 p., 14 €.

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