Ils m’ont haï sans raison. De la chasse aux sorcières à la Terreur

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Ils m’ont haï sans raison. De la chasse aux sorcières à la Terreur

« A l’époque où on les assassinait, on les dépeignait sous les traits de vieilles femmes hideuses, juchées sur leur balai, faisant rôtir de la chair humaine ou concoctant dans leur chaudron des potions maléfiques. » Ce sont bien elles, les sorcières, qui, avant de devenir de méchantes héroïnes de fiction, de Blanche-Neige au Magicien d’Oz, furent l’objet de terribles persécutions historiques, du milieu du xve à la fin du xviie siècle. Dans son nouvel essai, Ils m’ont haï sans raison, le philosophe professeur à l’université de Strasbourg Jacob Rogozinski déconstruit « la logique de la haine » qui a conduit à ces bûchers, et qui a ricoché jusqu’à des génocides plus contemporains, celui des Juifs, des Arméniens ou des Tutsis.

La haine est un affect qui envahit tout sur son passage, comme en témoigne l’expression populaire « j’ai la haine », et non pas « j’ai de la haine », plus distante… Mais quelle dynamique conduit à passer de la haine au massacre, de l’exclusion à la persécution, « d’une politique d’enfermement ou de bannissement à une politique d’extermination » ? Dialoguant avec le biopouvoir de Michel Foucault, l’Homo sacer de Giorgio Agamben, et l’ombre de Jules Michelet, qui se demandait comment écrire l’histoire des exclus (« Ils ont ­brûlé les livres, brûlé les hommes, re­brûlé les os calcinés, jeté la cendre […]. Est-ce avec ces tristes restes que je puis refaire cette histoire ? »), Rogozinski se fraie un chemin original et exigeant, entre histoire et philosophie. Auteur en 2006 du Moi et la chair, il donne ici ainsi un développement inattendu à ce qu’il nomme l’« ego-analyse » : la façon dont le moi et la communauté sécrètent un « restant », cet « étranger interne », « part maudite de soi-même que l’on reconnaît avec horreur chez un autre ». — Juliette Cerf

 

Ed. du Cerf, 434 p., 29 €.

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