Il reste la poussière

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Il reste la poussière

 

Avec Sandrine Collette, nous avons croupi dans des caves au milieu de la campagne française (Des noeuds d’acier), avant de faire les vendanges en Champagne, près du château de la Belle et la Bête (Un vent de cendres). L’an dernier, elle arpentait les montagnes enneigées, y multipliant les morts en série (Six Fourmis blanches). Avec Il reste la poussière, on file à présent vers la Patagonie, ses steppes balayées par le vent où seuls les moutons parviennent à survivre. Dans une ferme glaciale et branlante, une famille est restée, malgré tout. La mère, silencieuse, préfère son troupeau à ses enfants. Le père a disparu. Les quatre fils s’occupent du bétail. Le cadet, Rafael, est traqué, malmené par ses aînés. Dans ce monde sans amour, l’avenir est d’une violence infinie, et l’innocence un état d’esprit à bannir.

L’auteure parvient à construire un roman des grands espaces tout en installant la sensation du huis clos. Elle décrit rigoureusement les pâturages secs et les relations familiales impossibles, les courses éperdues derrière un océan de brebis qu’il faut tondre et la cruauté d’une femme mutique. L’écriture de ce roman de nature writing est tantôt exaltée, tantôt froidement descriptive, mais en dépit de la rudesse qui domine, la romancière fait du jeune Rafael un héros solaire : c’est lui, découvert meurtri à la première page, qu’on reverra à l’aube du dernier jour, dans cette fable d’une beauté fébrile. — Christine Ferniot

 

Ed. Denoël, coll. Sueurs froides, 304 p., 19,90 €.

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