Il faut se méfier des hommes nus

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Il faut se méfier des hommes nus

Elle se prénomme Cheyenne, comme la fille de Brando qui se donna la mort en 1995, à 25 ans. Cheyenne Cohen, mère polynésienne et père tunisien, est scénariste, envoyée à Tahiti pour écrire un script sur… Brando. Nul n’est mieux placé qu’elle pour recomposer la vie de l’acteur, lui affirme son producteur : « Vous allez accoucher d’un document unique, symptomatique et terrifiant. Sauvage, moitié indigène, moitié continental, à la fois cynique, sadique, maniaque, hyperbolique… » Pour la jeune femme, ce retour au pays n’a rien d’un lit de roses, et la rédaction du synopsis se révèle complexe, tant ses souvenirs personnels bousculent la figure de l’acteur. Quant au tournage, il virera à la folie, puis au désastre. « Fiasco Brando », écrit pour elle-même la narratrice, perdue entre vérité et mensonges…

Il faut se méfier des hommes nus est un livre inclassable, ni biographie, ni autobiographie — à peine une fiction, un hymne au mensonge et à la puissance romanesque, qui oscille entre un humour à la Woody Allen et un sévère règlement de comptes à l’égard du cinéma-miroir aux alouettes. Qu’importe l’image de Brando, beau et violent, amoureux et sculptural. Qu’importent Tahiti et ses colliers de fleurs. Qu’importe le scénario, qui s’ébauche tout au long du récit. Toutes ces pistes se croisent avec fantaisie, permettant que surgissent d’autres images — quelque chose qui ressemblerait à un long métrage, comme La Vengeance aux deux visages, un sacré western, réalisé et interprété par Brando lui-même. — C.F.

 

Ed. Julliard, 312 p., 19 €.

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