Hosanna

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Hosanna

« Il faut tout accepter », avait dit la femme du voisin à la mort d’un petit-fils très aimé, fauché par un cancer à 25 ans. Ce jour-là, cinq ans plus tard, c’est le voisin lui-même, le grand-père, qu’on enterre, mort de sa belle mort à 91 ans. Et dans le temple, le temps d’un office plutôt pittoresque, puis de la mise en terre au cimetière, le narrateur-auteur se souvient de son existence à lui. Que lui n’accepte pas. Pas encore. Malgré cet Hosanna, hymne de louange et de joie qui sert de titre à son court roman posthume. C’est le troisième ouvrage en effet — et le dernier ? — que Jacques Chessex nous envoie comme de l’au-delà, après sa mort, en 2009, à 75 ans. L’ulti­me voyage aura hanté sa vie, son oeuvre. La culpabilité de la faute aussi, et un dévorant sens du péché. Ils s’incarnent ici dans ce lycéen morbide venu rencontrer Chessex du temps où il enseignait, et qu’il n’aura pas su empêcher de se suicider. Son visage, « Le Visage » ne cesse dès lors de l’accompagner. Tel un remords jamais apaisé… Qu’est-ce qui retient encore à la vie, qu’est-ce qui entraîne déjà vers la mort ? semble-t-il s’interroger. Le sexe couvert de miel de sa jeune amante ? Ou au contraire le suicide du père dont il ne s’est jamais remis, cette folie omniprésente autour de lui, dans les têtes et les corps ? A l’image de cette maîtresse qui s’était tailladée une croix au creux des seins et l’avait ensanglanté dans la nuit. Chessex est sensuel et brutal. Dans cet ultime récit, conscient de sa fin prochaine, l’ogre suisse, de son écriture granitique, se prépare à la mort, finit par accepter le face-à-face avec Dieu — ou l’absence de Dieu —, se met en paix avec ses fantômes, leur pardonne, se pardonne. Hosanna. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Grasset, 120 p., 12 €.

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