Ce n’est pas le premier bouquin autour de Jean-Luc Godard, et ce ne sera pas le dernier. Qu’a-t-il donc en plus ? Olivier Séguret, longtemps journaliste et critique à Libération, se confie, la peur au ventre, pour ainsi dire. Car c’est un sentiment d’urgence qui anime ce curieux ouvrage, collage de devises, de témoignages et de lettres, où l’admiration croise la superstition. En décembre 2013, une rumeur circule : le cinéaste de Pierrot le fou serait mourant. Une commande de nécrologie tombe sur Olivier Séguret, qui réalise qu’il est incapable de l’exécuter, puisque Godard est comme un proche. Et d’ailleurs il le lui dit… Voilà comment ce livre, très personnel, concis et surtout pas définitif, est né. Avec Godard, le journaliste tire un fil, et tout vient à la fois : l’histoire de Libé et la crise que le quotidien traverse alors, la cinéphilie, les récits d’interviews heureuses ou virant au pétard mouillé – la rencontre entre Pierre Bourdieu et celui qui « a quelque chose du hibou dans les phares ». Fine plume, Séguret clarifie ce qu’il aime tant chez ce cinéaste ami, brode quelques détails piquants autour des cigares ou des Suisses. En creux vibrent aussi la fin d’un certain type de journalisme, la fuite du temps et, malgré tout, la perspective d’une nouvelle vie — Jacques Morice
Godard vif, d’Olivier Séguret, éd. G3J.
Commandez le livre Godard vif