Give peace a chance

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Give peace a chance

1963, adieu Saigon. Après de longues années passées au Sud Vietnam, les Truong et leurs quatre enfants s’installent à Londres. Pour cette famille mixte, l’heure n’est pas à la fête. La vie dans une Angleterre encore repliée sur elle-même, la froideur du climat et des autochtones, et les troubles maniaco-dépressifs d’Yvette, la mère, pèsent lourdement. Et les nouvelles du conflit qui embrase peu à peu le pays natal n’arrangent rien… Suite attendue d’Une si jolie petite guerre (2012), Give peace a chance renoue avec la formule qui a fait le succès de cette saga familiale : un ton vif, des souvenirs frais comme l’enfance, une émotion à fleur de trait et, en contrepoint, un ­récit minutieux des événements.

Cette fois, cependant, le temps de l’innocence est passé. Dans le Swinging London de la fin des années 1960, Marco, l’auteur, découvre, en même temps que la pop music, les pétards et les premiers émois, le regard que portent les pays occidentaux sur la guerre du Vietnam. En plein « flower power », être sud-vietnamien, c’est être du mauvais côté, celui de l’oppresseur américain, des déluges de bombes et de l’agent orange. Complaisamment relayée par les médias de l’époque, qui, dans le même temps, détournaient le regard des exactions du Vietcong, cette vision en noir et blanc a longtemps prévalu. Mais y a-t-il vraiment des bons et des méchants dans cette guerre où coups tordus, cruautés et propagande sont le lot de tous ? Solide et documenté, Give peace a chance offre une vision contrastée — et historiquement plus juste — de ce qui fut une guerre civile avant de devenir un terrain de jeu entre superpuissances. Mieux : il restitue aux Sud-Vietnamiens qui n’avaient pas envie du « paradis communiste » une mémoire que leur avaient confisquée les vainqueurs. Entre émotion et page d’histoire. — Stéphane Jarno

 

Ed. Denoël Graphic, 280 p., 25 €.

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