Géante

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Géante

Avec Abel, son petit copain tout neuf, elle découvre les gestes de l’amour qu’on expérimente maladroitement. Peu après, un inconnu, en jogging, le visage caché par une ample capuche et un grand couteau de boucher à la main, la viole mais elle ne proteste pas ; au contraire, elle s’assoupit, comme apaisée. Amoureuse de l’un, hantée par l’autre, Véra est une adolescente qui ne s’aime pas (pléonasme) et qui, ne rêvant que d’une chose – être une autre –, se fraie un chemin incertain entre réalité floutée et fantasme hypnotique. Elle se découvre bientôt une rivale (bien réelle), sa copine Agnès, qu’elle finira par abattre d’un coup de fusil (en pensée). Dans l’esprit et le corps également tourmentés de son héroïne, Fanny Michaëlis trouve une riche matière à un conte d’autant plus cruel qu’il distille, en surface, une cotonneuse douceur. Si le cadre de l’action est figé dans le béton d’une banlieue plus grise que nature, les personnages s’en évadent sans cesse, guidés par la maestria aventureuse – et le goût très poussé des symboles, freudiens, forcément freudiens – de l’auteur. Celle-ci crée, par sa seule mise en scène, un jeu de cases mouvantes, sans cadre, dessinées au crayon noir, d’un trait délicat et cru à la fois, une indélébile sensation de flottement onirique. Plus près que jamais des pulsions et des non-dits de l’adolescence.

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