Funny Girl

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Funny Girl

Il semble qu’une empathie particulière lie, depuis toujours, Nick Hornby à ses personnages de fiction. C’est une des caractéristiques fortes de ses romans formidablement généreux et toniques, le principe même de leur attractivité. L’autre attribut spécifique, plus saillant encore sans doute, con­siste en un intérêt jamais démenti de l’Anglais pour la culture pop et ses manifestations : hier le rock, le foot ; aujourd’hui, la télévision telle qu’elle s’est imposée comme pièce d’ameublement et totem, épicentre magnétique des foyers de la classe moyenne britannique au cours des décennies d’après-guerre. Prenez Barbara, jolie blonde, tout juste sortie de l’adolescence et qui, ce jour pluvieux de juillet, à l’aube des sixties, a accepté de participer au concours de beauté de sa petite ville de Blackpool — et, mieux encore, a raflé les lauriers. Eh bien, « Barbara savait qu’elle ne voulait pas être reine d’un jour, ni même d’un an. Elle ne voulait pas être reine du tout. Elle voulait juste passer à la télévision et faire rire les gens. » Tel est son désir, et tel sera effectivement son destin : Funny Girl est le récit vigoureux, déluré, drôle, merveilleusement attachant de ce rêve qui se réalise — l’ascension sans la chute, la grandeur qui n’ouvre pas sur la décadence, voilà qui change… et fait du bien.

C’est sous le nom de Sophie Straw que Barbara deviendra, à Londres, une vedette du petit écran, héroïne de la sitcom à succès Barbara (et Jim), dont les saisons qui se succèdent servent de chapitres au roman. « L’existence même de Barbara (et Jim) marque la naissance d’une Angleterre moderne », diagnostiquait très sérieusement le Times, au lendemain de la diffusion du premier épisode, en 1964. Et c’est cela aussi que raconte Nick Hornby à travers le destin de Barbara/Sophie : les sixties, une Angleterre en noir et blanc qui soudain prend des couleurs, le monde et les moeurs qui changent… A brosser ce tableau, le romancier s’emploie tout en ­finesse, en justesse. Avec, certes, une pointe de mélancolie, mais si légère que son éloquence et sa vitalité l’éclipsent. — Na.C.

 

Traduit de l’anglais par Christine Barbaste, éd. Stock, 432 p., 23 €.

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