Fuir Pénélope

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Fuir Pénélope

Il sait écrire, cet acteur, à n’en point douter. Paru en 2008, son essai Voix off était déjà un festin littéraire, à la gloire des tessitures ayant charmé ses oreilles depuis l’enfance. Prenait au lecteur une folle envie de lire à voix haute sa brillante évocation des timbres de Michel Bouquet, Charles Denner ou James Mason. Voilà qu’un roman lui sort aujourd’hui de la plume. Le héros est acteur, versaillais, il a des yeux ronds et a grandi en lisant les critiques de Jacques Siclier dans Télérama. Toute ressemblance avec D.P. n’est donc pas fortuite, mais l’auteur s’est amusé à se cacher derrière son petit doigt, ou plutôt derrière sa petite fiction, et peut-être le masque n’est-il pas assez épais, ou pas assez transparent, pour dissi-per la frustration : de belles pages de confessions autobiographiques (sur le complexe du blanc de l’œil trop apparent, la contemplation du chagrin ou le mystère de Pantagruel) provoquent une grande proximité, puis soudain, de plus ternes épisodes de tournage en Grèce mettent à distance.

Une constante adoucit ces changements de focale : le sens de l’autodérision, cette lucidité sous cape, mâtinée d’une intelligence et d’une humilité à toute épreuve, qui a toujours caractérisé Denis Podalydès. Que de sourires naissent à la lecture des mésaventures automobiles, amoureuses, artistiques de ce personnage hypersensible et assoiffé de culture… D’une grande drôlerie, bancal et bricolé comme les premiers films de Woody Allen, ce roman reste un formidable hommage à la littérature. Baudelaire, Rabelais ou Gide font partie du paysage. Ils l’irriguent et l’embellissent avec une discrétion exemplaire. La prétention n’étant pas son fort, Podalydès renvoie la lumière qu’il a reçue, puis s’incline.

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