Fatherland

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Fatherland

Chaque soir, la mère, « guidée par une sensation irrépressible de terreur, transie de peur », poussait les meubles devant la fenêtre de la chambre. Pourquoi ? La question de ses trois jeunes enfants restait sans réponse. Nina Bunjevac était l'un d'eux. Souvenir indélébile qui fait remonter à la surface son histoire familiale et les cicatrices que l'Histoire y a imprimées. En 1975, Peter Bunjevac, un nationaliste serbe exilé au Canada, milite activement pour l'indépendance de la Serbie et contre le régime de Tito. Son épouse, craignant pour la sécurité des enfants, prétexte des vacances en Yougoslavie pour les mettre à l'abri. Il refuse puis finit par céder, mais exige de garder avec lui leur fils aîné. Le voyage sera sans retour et la famille, irrémédiablement fracturée. Peter Bunjevac mourra deux ans plus tard à Toronto en fabriquant une bombe artisanale… Sa fille ne juge pas, elle cherche à comprendre ce père disparu dont elle déroule en flash-back les épreuves traversées depuis l'enfance, qui entrent en résonance avec l'évolution oppressante de la société yougoslave où elle a grandi.

Comme dans son premier livre, Hear­tless, la dessinatrice impose, dès le premier regard, son incontestable virtuo­sité graphique. Dosage ­minutieux de hachures et de pointillés, le dessin en noir et blanc tend vers un hyper­réalisme quasi photographique. Encap­sulé dans ces images faussement léchées, comme ­figées dans le mouve­­ment, le récit autobiographique décolle, diffusant une troublante, et souvent poignante, impression de cauchemar feutré. Nina Bunjevac ranime des fantômes familiers avec une ferveur distanciée. L'effet est saisissant.

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