Facteur pour femmes

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Facteur pour femmes

Août 1914. La sale guerre vient d’être déclarée. Sur une petite île bretonne qui pourrait être Houat ou Bréhat, l’ordre de mobilisation est placardé sur les murs, tous les hommes doivent partir… Ne restent que les vieux et Maël l’estropié, le pied bot qui vit à l’écart avec un père qui le maltraite. Nommé facteur, le jeune homme farouche et timoré découvre bientôt auprès des femmes de l’île le plaisir des sens, l’art de séduire, mais aussi celui de manipuler.

Sur cette trame classique qui évoque L’Ile aux femmes, de Zanzim, paru en début d’année, les auteurs Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice ont concocté une histoire ori­ginale et bien troussée. Si la peinture de la vie insulaire et des moeurs de l’époque est particulièrement bien rendue, la force de Facteur pour femmes tient surtout au personnage principal. La trajectoire de ce gamin infirme pour lequel la guerre est une bénédiction, son apprentissage accéléré des sentiments et de la psyché féminine, ses dispositions pour le pouvoir et le cynisme en font un attachant salopard. Julien Sorel au petit pied pour lequel chaque conquête est une revanche sur la vie, le personnage de Maël est décidément fort réussi. Et puis il y a le dessin de Sébastien Morice, ses couleurs chaudes, son sens de la lumière et de la composition qui font de certaines cases des toiles qui n’auraient pas déplu au peintre Mathurin Méheut (1882-1958). L’homme aime la Bretagne des falaises, des landes et des ­récifs, et ça se voit. Une jolie surprise. — Stéphane Jarno

 

Ed. Grand Angle, 120 p., 18,90 €.

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