Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique
Le niveau de la mer monte, la température s’enflamme, la machine s’emballe et pourtant, nous continuons, comme si de rien n’était. Etonnante, sidérante capacité humaine à foncer les yeux grands fermés. Et si l’écologie rendait fou ? « Une altération du rapport au monde », c’est le terme savant pour désigner la folie, et c’est l’hypothèse que lance le philosophe Bruno Latour dans son nouvel essai. Formule en forme de pied de nez mais que l’on prendra au pied de la lettre tant il est vrai qu’« on ne comprend rien aux mutations écologiques si l’on ne mesure pas à quel point elles affolent tout le monde ». Et combien elles nous obligent à ébranler nos certitudes et à tout reprendre, à commencer par nos manières de penser, tout comme le firent, au XVIe siècle, les témoins de la découverte de terres nouvelles. Au fil de ces huit conférences pouvant êtres lues « dans l’ordre qu’on voudra », c’est bien en explorateur que le lecteur est invité à découvrir le nouveau régime climatique et les mille contours de cette fascinante Gaïa que Bruno Latour débarrasse de ses oripeaux new age. Penser Gaïa, c’est comprendre que l’air, les océans, les glaciers, tout ce que nous avons rendu instable, interagit avec nous. Penser Gaïa, c’est apprendre à « vivre au temps de la fin », et « en finir avec la négligence ». Et c’est par là qu’il faut aujourd’hui commencer. — Weronika Zarachowicz
Ed. Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 400 p., 23 €.
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