Évangile pour un gueux

Ajouter un commentaire

Évangile pour un gueux

A l’approche de Noël, Notre-Dame de Paris est une place assiégée. Par les touristes autant que par les fidèles et les badauds curieux de goûter au temps suspendu d’une cathédrale. Comme c’était déjà le cas dans le premier roman d’Alexis Ragougneau, La Madone de Notre-Dame (2014), la cathédrale parisienne aux piliers lourds et froids est le théâtre d’un drame : une dizaine de SDF l’investissent, non pas pour prier, mais pour crier leur colère, réhabilitant le monde grouillant de la Cour des Miracles. A leur tête, Mouss, jeune homme charismatique, doué d’une parole sonore et combative. Stupeur des institutions ecclésiastiques et politiques, arrivée des forces de l’ordre et des médias… Le désordre mendiant aurait pu prendre fin si le corps de Mouss n’était retrouvé quelque temps plus tard torturé et noyé. Voici qu’entrent en scène Claire Kauffmann, une jeune juge d’instruction, fragile et revêche, Landard, un commissaire qui cumule toutes les variétés du macho et du limite facho, et le lieutenant Gombrowicz, qui lui est supérieur dans bien des domaines. A tort ou à raison, et un peu à contrecoeur, Victor Hugo admettait, dans Choses vues, que le prêtre est « socialement nécessaire » ; dès lors il aurait apprécié le père Kern, au service de ses ouailles à la paroisse de Poissy et à celui des pauvres au centre Wresinski : un saint homme au corps souffrant, tout droit sorti d’un tableau du Greco et questionnant Dieu comme don Camillo. L’enquête mettra aux prises militants intégristes, communauté de SDF, justice et police, mais, dans ce polar au style ciselé, ce sont les gueux de nos rues qui sont les vrais héros déchus. — Gilles Heuré

 

Ed. Viviane Hamy, 368 p., 19 EUR.

Commandez le livre Évangile pour un gueux

Laisser une réponse