Être mère. XVIIIe-XXIe siècle

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Être mère. XVIIIe-XXIe siècle

« Etre mère, est-ce accéder à une autre dimension de soi ou renoncer à exister en tant que soi et perdre de ce fait son identité individuelle ? » Cette question frontale, posée aujourd’hui par Patricia Ménissier dans Etre mère, n’aurait pas été d’actualité il y a quelques décennies, lorsque le visage de la femme s’identifiait parfaitement à celui de la mère, jusqu’à s’y confondre. La révo­lution contraceptive, la révolution sexuelle et la révolution de la procréation médicalement assistée ont induit, en la matière, des bouleversements majeurs dont nous ne sommes tou­jours pas revenus. Au point de dresser parfois ces deux figures, féminine et maternelle, l’une contre l’autre, comme l’a résumé en 2010 Elisabeth Badinter dans son essai qui fit date, Le Conflit. La femme et la mère — dans lequel elle critiquait le retour du naturalisme, retour à la nature, au culte de l’allaitement, à l’éloge de l’instinct maternel.

« Devenir mère d’un enfant ne signifie pas forcément l’avoir porté et en avoir accouché », résume Patricia Ménissier. Elle cite Yvonne Knibiehler, pionnière des études sur la maternité, née en 1922, qui, dans le bien-nommé Mater­nité, Affaire privée, affaire publique, écrivait en 2001 : « La fonction maternelle chez les humains n’a rien de naturel ; elle est toujours et partout une construction sociale, définie et organisée par des normes, selon les besoins d’une population donnée à une époque donnée de son histoire. » Yvonne Knibiehler publie aujourd’hui, avec Martine Sagaert, un volume chez Bouquins, Les Mots des mères, qui mêle une approche historique et une anthologie de textes écrits par des femmes (autofictions, romans, lettres, conseils de nourrice, etc.). Union libre, familles recomposées, couples homoparentaux ont diversifié les façons d’être mère. Si, comme l’écrivait Roland Barthes, « derrière la mère, il y a un noyau rayonnant irréductible : ma mère », la maternité se conjugue bel et bien au pluriel. — Juliette Cerf

 

Ed. CNRS, 208 p., 20 €.

Ed. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1 216 p., 32 €.

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