Entre les jours

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Entre les jours

Sous le très beau titre se cache toute la démarche d’Andrew Porter : s’immiscer dans les zones d’ombre de chacun, franchir les rayons trop solaires des apparences, pour atteindre la force obscure de la solitude de chaque être. Avec ce premier roman, ce professeur d’écriture de l’université du Texas est resté en terrain connu : l’action se situe à Houston, dans le milieu universitaire, sur fond de concours de poésie et d’expériences limites qui tournent mal. En cela, il est proche de Laura Kasischke, avec laquelle il partage un sens du quotidien au bord du gouffre et de l’art de la manipulation qui sommeille en tout homme. A partir de l’éclatement d’une famille classique, papa, maman, fi-fils, fi-fille, Andrew Porter parvient à tisser une trame solide autour de chaque individu pour montrer la force du quant-à-soi, de la réserve et même du secret. Chaque confidence mène à la perdition, chaque parole s’évapore dans le vide et, pourtant, une sensation d’osmose permanente se dégage de ce livre en lévitation au-dessus de ses personnages, dans un décor urbain aux lignes épurées, avec quelques palmiers fantomatiques qui se balancent dans le vent.

Le chef de la famille en morceaux est architecte, la mère s’appelle Cadence : lignes de fuite et changements de rythme n’ont pas de secret pour eux. La fille est amoureuse d’un Indien taciturne recherché par la police, le fils écrit des poèmes entre deux sorties dans des boîtes gays : leur quotidien n’est que camouflage. Andrew Porter fait confiance à la lenteur presque asphyxiante de la dérive du quatuor. Chez lui, la peur engendre le recueillement et pousse les regards à se tourner vers le passé, pour le revisiter avec pudeur et retenue. Deux qualités de l’écriture de ce nouvel auteur, à surveiller de près.

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