En attendant demain

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En attendant demain

Anita, Adam, Adèle, trois personnages avec un A comme initiale, comme les trois voyelles qui se succèdent dans le nom et dans le prénom de Nathacha Appanah. La preuve que la romancière a mis beaucoup d’elle-même dans ce trio altier, qui accompagne son retour à la littérature après huit ans d’absence. Elle nous avait éblouis avec Le Dernier Frère (2007), roman aussi lumineux qu’anguleux, sur le désarroi d’un enfant qui se croit ­responsable du destin d’un garçon juif parqué près de chez lui. Elle ­revient avec le même art de jouer sur les ­apparences éblouissantes, ­capables de devenir tranchantes comme des lames de rasoir.

Anita et Adam se sont mariés, après une rencontre irréelle, presque immobile, comme sortie d’un tableau de Hopper. Ils fondent une famille, Adam se rêve artiste contemporain, Anita s’essaie au journalisme régional. Il ne trouve pas la gloire qu’il attend, et « ne sait pas par quel bout commencer ». Elle s’effrite de l’intérieur, « la petite mémoire de son pays pâlit ». Quand soudain, une compatriote de l’île Maurice surgit dans son existence. C’est Adèle, femme insai­sissable, mélange de flamboyance et d’abnégation, dont Nathacha Appanah utilise le charisme pour faire glisser le livre vers une lente dissolution des êtres. Superbe histoire d’emprise, En attendant demain s’inscrit dans un ­quotidien matériel très précis, tout en ­lévitant hors du temps, par la grâce d’une écriture affûtée, au plus près des terreurs enfouies. — Marine Landrot

 

Ed. Gallimard, 194 p., 17,50 €.

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