Empty Mile

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Empty Mile

Avant de pousser la barrière de la maison, Johnny se gare un instant, au pied des montagnes de la Sierra Nevada. L’angoisse n’a cessé de grandir mais il est bien là, huit ans après, dans cette ville d’Oakridge figée par l’ennui. Stan, son jeune frère, est soudain face à lui, si heureux de le retrouver, si fragile dans sa tête depuis la noyade qui priva son cerveau d’oxygène un peu trop longtemps. Ce jour-là, Johnny avait pourtant recommandé au gamin de rester sur la plage tandis qu’il s’éloignait avec Marla dans les bosquets, mais Stan n’avait pas résisté aux vagues. Désormais, il était un peu mieux qu’un légume, un peu moins qu’un homme…

La responsabilité, la culpabilité parcourent ce livre d’une belle den­sité dramatique. Empty Mile révèle un monde qui ne pardonne rien et Johnny porte en lui cette part d’ombre, cette volonté de payer ses fautes. Décidément, Matthew Stokoe est un auteur déroutant. On l’avait découvert en 2012 avec un roman effrayant, La Belle Vie, où l’alcool, le sexe, la drogue formaient un trio de tête rapidement suivi par l’exhibitionnisme, la scatologie et autres déviances, au coeur de Los Angeles. De ce livre, Empty Mile est le double inversé. Loin des villes et d’un hyperréalisme que Bret Easton Ellis ne renierait pas, l’écrivain anglais offre une grande méditation sur le remords. Mais il y met les formes du polar, avec crimes, mensonges et jalousies, dans une Amérique rurale qui convient si bien à la tragédie. — Christine Ferniot

 

Traduit de l’anglais par Antoine Chainas Ed. Gallimard/Série noire 420 p., 23,50 €.

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