Elle qui ne sait pas dire je

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Elle qui ne sait pas dire je

La langue est généreuse, dense, elle ne lésine pas sur les détails, riche de couleurs, d’odeurs et de sensations. Elle fouille, retourne sans relâche sa matière, s’enroule et se déroule, imposant peu à peu son rythme et son souffle. Le récit avance par cercles successifs, lent et envoûtant. Pierre Pelot, dont le talent d’écrivain n’est plus à démontrer, procède à la manière d’un archéologue, creusant, strate après strate, toujours plus profond, à la recherche d’une vérité enfouie.

Le résultat est une formidable aventure de lecture, une singulière plongée dans le quart-monde rural, au cœur des Vosges qu’il connaît si bien. Voici d’abord le village, « un mauvais ras­semblement de maisons sournoises tapies dans les coteaux et les bandes de ­forêt ». Et des personnages à l’avenant, rugueux, opaques, fermés sur eux-mêmes, ruminant sans cesse rengaines moisies et vieilles mémoires. Le premier vient d’être enterré, emportant avec lui son « secret » de rebouteux. Sa femme, mutique, vissée à sa chaise dans l’ombre de la cuisine. Sa fille, celle qui ne sait pas dire je, qui aurait hérité du don paternel. Un fils à la recherche de l’argent amassé par le vieux, qu’il imagine caché dans les murs. Et Cardo, venu pour sauver sa femme déclarée perdue par les médecins… Le roman croise ces destins qui évoquent Beckett et Faulkner, mêle les voix et les folies, joue avec maestria des niveaux de langue et des patois. Pelot est un gourmand des mots. Et le lecteur est à la fête, bouleversé et ébloui.

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