Élève

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Élève

Etonnante sensation que de lire l’ultime roman d’un écrivain-dramaturge-metteur en scène mort il y a juste quelques semaines, avant même que ne paraisse le plus autobiographique de ses récits. Impression de pénétrer dans les secrets les mieux enfouis de l’artiste si discret et pudique, tels la famille provinciale d’intellectuels grand bourgeois, la fratrie cruelle, la cousine, la mère un peu folle et le père féru de dictionnaires, de littérature, de traductions et de traités d’éducation… A travers Elève, on redécouvre un Bruno Bayen (1950-2016) plein d’humour. On croyait connaître un peu l’ex-normalien germaniste, grand rêveur de théâtre et organisateur de spectacles cérébraux et oniriques. On avait tant aimé ce Schliemann, épisodes ignorés, d’après la vie du célèbre archéologue découvreur de Troie, qu’avait interprété — sous sa direction, en 1982 — Antoine Vitez à Chaillot. Toujours avec ce goût, qu’on retrouve dans Elève, de l’origine des sentiments et des choses, de l’identité et des êtres. Qu’elle passe par des labyrinthes ou des chemins si obscurs, à l’image de ce livre qui évoque souvent les quêtes absurdes et cocasses de l’écrivain allemand Arno Schmidt. Car on y rit. En se perdant dans la croissance contrainte mais si tumultueuse de celui qu’on prénomme « Terre » et qui ressemble à l’auteur comme un frère. Les bonheurs d’écriture d’Elève croisent, comme dans les spectacles qu’imaginait Bayen, des mystères indéchiffrables. Ce livre a leur rare parfum. — Fabienne Pascaud

 

Ed. Christian Bourgois, 304 p.,16 €.

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