Dysfonctionnelle

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Dysfonctionnelle

Ce roman est d’abord une voix, une gouaille, une présence comme on le dit des comédiens dont la simple apparition remplit l’écran. Une humanité hors du commun. Celle de la narratrice, Fidèle, plus ou moins double de l’auteur, qui vous balance sa vie avec une bouleversante sincérité.

Axl Cendres, dont le nom s’est déjà largement imposé dans la littérature ado, ne triche pas, elle écrit au plus près d’elle-même, avec autant de brutalité que de tendresse. Le roman vaut d’abord par son sens du récit et du ­portrait vivement troussés, son art du zigzag narratif, son humour noir dévastateur. La langue roule sable et cailloux, chahute la syntaxe, infiniment vivante, capable de mille métamorphoses. Car l’histoire qui est racontée, plutôt destinée aux lycéens, oscille entre la rue de Belleville et la rue Soufflot. Fidèle est issue d’une famille « dysfonctionnelle », père kabyle abonné aux courts séjours en taule, mère polonaise toujours entre deux internements, multitude de frères et soeurs. Elevée au bar Le bout du monde, au milieu de losers magnifiques, la voici propulsée par ses talents scolaires dans un lycée des beaux quartiers où elle découvre son goût pour les filles, Sarah en particulier, qui lui ouvre les portes d’un monde qui l’enchante, celui de Van Gogh, de Nietzsche, de la chapelle Sixtine. Même si la fin se veut heureuse, l’ensemble reste doux-amer : naviguer d’une classe sociale à l’autre n’est jamais simple, Axl Cendres en témoigne brillamment. — M.A.

 

Ed. Sarbacane, coll. X’, 305 p., 15,50 €. Dès 15 ans.

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