Docteur Radar

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Docteur Radar

Au premier coup d’œil, tout est en place pour un hommage déclaré aux ébullitions feuilletonesques d’un autre siècle (fin XIXe, début xxe, en gros). Nous sommes en 1920. En quelques semaines, trois savants travaillant sur une utopie à la Jules Verne, « envoyer un avion dans la stratosphère », périssent de mort brutale. Ferdinand Straub, ancien as de l’aviation française, assez riche pour jouer les détectives bénévoles (« Je lutte contre le Mal, c’est mon plaisir » est sa devise), ne tarde pas à découvrir qu’un criminel autoproclamé, « Dr Radar », est à l’œuvre : d’une cruauté sophistiquée (il fait exécuter ses victimes au curare et au scorpion), retors (il multiplie les déguisements, les accents et les identités), immoral (c’est lui, le Mal incarné)…

Le scénario de Noël Simsolo a la saveur goûteuse de ce vrai-faux premier degré camouflé sous la référence et le rebondissement épatants – avec, en second rôle surprise, un génial artiste de ces années-là, Pascin (1) , qui aidera à faire avancer l’enquête grâce à ses dessins. C’est bien plus qu’un exercice de style, et beaucoup mieux qu’un pastiche d’époque, car cette aventure mimétique, codée, Bézian la réinterprète à fond, case à case, planche par planche, dans le mouvement qui accélère le rythme, le geste qui amplifie le sentiment, les postures théâtrales et les humeurs surjouées, mais aussi le jeu millimétré des ombres et un radical recours à la couleur pour traduire à vue l’essence même d’une scène. En s’inspirant autant des fulgurances expressionnistes du cinéma muet que des audaces modernistes de l’Art déco en devenir, Bézian dynamite les figures imposées du genre, et déjoue le réalisme pour propulser l’action dans un irrésistible hors champ imaginaire. L’indispensable coup de théâtre final permettra de démasquer le Dr Radar. Mais comme celui-ci parvient à s’échapper, une seule question nous taraude désormais : à quand la suite ?…

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