Anne Serre est une romancière singulière. Audacieuse et précieuse à la fois, folle de littérature et de liberté. Ignorant pesanteur et pathos, mystérieusement lovée dans la grâce, la légèreté, même les plus cruelles… On l’avait quittée sur un hallucinant Petite table, sois mise !, récit libertin jusqu’au vertige, au-delà des tabous jusqu’au fantastique. On la retrouve – pour son treizième ouvrage – dans l’étonnant dialogue d’une écrivaine avec une interwieveuse curieuse de découvrir les clés de la création.
Est-elle les deux personnages ? Essaie-t-elle de percer les arcanes de son écriture, de ces deux disparitions qui la hantent tout en nourrissant son imaginaire ? L’exercice, pirandellien, de cet auteur en quête de personnages (et réciproquement), même incomplètement maîtrisé, est souvent facétieux, délicieux. On y découvre une écrivaine solitaire mais joyeuse, inlassablement en quête d’ailleurs et de poésie. En quête de l’impossible roman de toute vie, aussi.
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