DesSeins

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DesSeins

Le corps des femmes est une valeur refuge. Comme à chaque fois en période de crise et de grands chambardements, la pensée s’érotise et les dessinateurs de BD retrouvent les fantasmes qui faisaient leur gloire dans leurs années lycée. En intitulant son nouvel opus DesSeins, Olivier Pont affiche d’emblée la couleur. Opulente ou discrète, voluptueuse ou sacrée, la poitrine féminine est au centre de toutes ses attentions et sert de fil d’Ariane à ces sept histoires.

Au pays de Marianne, des libertins et de Rabelais, le sujet est léger et prête aux gauloiseries, mais l’auteur se garde bien de s’aventurer sur ce terrain piégeux. Qu’il s’agisse de Chloé, « la planche à pain », qui vit l’enfer des piscines scolaires ; de Mathilde, que mai 68 libère de toutes ses entraves ; de Fanny, modèle d’un jour, ou d’Elikya, la muse africaine qui apporte la vie, les nouvelles graphiques de DesSeins sont empreintes d’une délicatesse et d’une justesse de ton rares. Olivier Pont n’a pourtant rien d’un bien-pensant, ni d’un de ces Tartuffe qui prétendent ne jamais s’arrêter sur un décolleté étourdissant ou un buste gracieux. Lui n’oublie jamais la femme qui est derrière. Des héroïnes ordinaires qui prennent leurs seins et leur vie en mains pour s’affranchir des diktats et des tabous d’une société trop longtemps dominée par les hommes. Hommage à la fois sensuel et féministe au « deuxième sexe », l’album se clôt en apothéose avec Fleur. Ou comment le thé, l’attention et la lingerie triomphent des coups bas de la vie. Un conte délicieux et superbement troussé. — Stéphane Jarno

 

Ed. Dargaud, 120 p., 18 €.

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