Des jours que je n’ai pas oubliés

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Des jours que je n’ai pas oubliés

« L’histoire était banale », écrit-il. Banale comme la naissance d’un amour, un voyage à deux pour Venise par le train de nuit, puis le début de la douleur, la jalousie, la séparation. Or, ce motif de la passion et du manque, de la possession et de la rupture, Santiago Amigorena en a fait le cœur de son œuvre, un « projet littéraire global » qui dure depuis plus de quinze ans et dont le lecteur ne se lasse pas. Après Le Premier Amour, récit paru en 2004 qui mettait en scène le couple Santiago et Philippine, puis La Première Défaite en 2012, dans lequel l’écrivain évoquait longuement l’odyssée de leur rupture au milieu des années 1980, voici un texte court sur une époque plus récente et qui suscite curieusement plus de nostalgie encore. Deux mois après le départ de sa femme, amoureuse d’un autre homme, le narrateur décide de s’en aller, à son tour, pour un parcours solitaire en Italie. A la troisième personne, il décrit ses promenades dans des villes – Venise et Rome – où les places et les rues évoquent des moments intimes et doux : « Rien d’autre n’avait guidé ses pas que l’habitude. » Tandis qu’à la première personne il formule : « Depuis hier soir je fais seul des choses que j’ai faites avec toi. » Par intermittence, les Poèmes à Lou, de Guillaume Apollinaire, viennent faire écho à sa situation – « je suis triste ce soir, mon Lou, triste d’une tristesse rare ».

Narrateur graphomane, comme il aime se présenter, Santiago Amigorena (né en 1962) poursuit sa poétique du ressassement, ses contradictions permanentes entre le désir d’exprimer et l’envie d’en finir. Et, « encore une fois, comme tant de fois, malgré lui, l’écriture lui a sauvé la vie ». En revanche, comme ce n’était pas le cas dans ses précédents livres, ici la souffrance du narrateur délaisse l’ironie qui inclinait à en sourire. Ecrire fait mal, ne pas écrire est pis encore, insiste-t-il au long de ce ballet des illusions perdues. Ce que comprend l’auteur de ce texte magnifique et serré, c’est qu’il est inutile de choisir « entre un présent incertain et les illusoires certitudes perdues du passé ». Il sait ce qu’il doit continuer de chercher à l’infini : le mot juste.

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