Des Hommes de peu de foi

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Des Hommes de peu de foi

Au camp de scouts de la réserve Whiteside dans le Wisconsin, le petit Nelson n’a pas d’amis, trop fluet, trop doué pour faire des noeuds ou jouer du clairon, trop solitaire surtout. Il est différent des autres gamins de cette Amérique des années 60 qui collectionnent les badges, les cartes de base-ball et jouent à la guerre, et qui, plus tard, ­absorberont les bières en quantité et négocieront les querelles familiales à coups de ceinture. Les pères des scouts, moniteurs d’occasion, sont bien là pour marteler à leurs fils les valeurs dont ils doivent s’imprégner : le sens du devoir, le courage et la loyauté. Mais la nuit ­venue, une fois les sentences prononcées, quand les gamins ont rejoint leurs tentes moisies, ils espèrent qu’ils comprendront qu’on ne doit pas être trop sérieux quand on est adolescent et, ­surtout, qu’on ne doit pas s’enflammer à la première jupe rencontrée. Mais la vie avance, les gens changent et les ­générations se succèdent. Trois périodes scandent le livre : 1962, 1996, 2019. Nirvana ou Snoop Dogg succèdent aux Beach Boys, Facebook ou Snapchat congédient les lettres manuscrites, les drames conjugaux fissurent les rêves d’enfance et beaucoup d’illusions partent en fumée. La guerre du Vietnam est passée par là, laissant des cicatrices et des cauchemars à ceux qui l’ont faite. Et celle d’Afghanistan apporte à sont tour son lot de souffrances à ceux qui en reviennent et s’adaptent difficilement à la vie civile. Fils qui deviennent pères, fiancées juvéniles qui deviennent mères ou veuves : dans cet univers d’hommes, ce sont les femmes qui gardent les pieds sur terre, pansent les plaies et, parfois, rêvent encore. En suivant ses personnages, Nickolas Butler signe un magnifique roman sur une Amérique qui n’a, malgré tout, pas ­encore rompu avec ses rêves des ­années 60. — Gilles Heuré

 

The Hearts of men, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Mireille Vignol, éd. Autrement, 540 p., 23 €.

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