Demande, et tu recevras

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Demande, et tu recevras

Ce roman a 5 ans. L’âge du fils du héros, un sale gosse élevé dans une école où les institutrices mettent des épingles à nourrice dans les tétons des enfants pour les habituer à la douleur de la vie, un affreux garnement qui boit du Red Bull et mange les étrons pétrifiés sur les trottoirs. Ce roman a déjà 5 ans, donc, et sa vision du monde de 2010 est tellement noire qu’on ne voit pas dans quelle encre Sam Lipsyte (né en 1968) tremperait sa plume pour décrire celui d’aujourd’hui, si ce n’est un mélange d’excréments, de bile et de glaviots ­encore plus nauséabond, vu que les choses ne semblent pas s’être arrangées depuis.

Ecrit dans une langue volontairement ordurière, ce livre raconte la descente aux enfers de Milo, un jeune père à qui rien ne sourit, jamais. Demande et tu recevras, lèche les bottes et tu auras les faveurs d’un mécène, telle est la mission que confie à Milo l’employeur qui vient de le congédier, soudain très intéressé par ses relations avec un ami de fac devenu fortuné. Inutile de préciser que Milo ne se montre pas à la hauteur de l’entreprise, qui lui permet de se remémorer quelques souvenirs cuisants, du temps où il était un étudiant toxicomane reclus dans une chambre insalubre. Aucun espoir, donc, dans ce roman hilarant de surenchère infernale, cri de rage d’un laissé-pour-compte dont le programme du matin révèle l’implacable lucidité : « J’irai m’enfiler un ou deux samoussas en lisant un journal à la con, je me gausserai des tergiversations des esprits normatifs, puis me haïrai jusqu’au trognon, pour ­finir par m’étrangler avec des graines de fenouil. » — Marine Landrot

 

The Ask, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Martine Céleste-Desoille, éd. Monsieur Toussaint Louverture, 416 p., 23 €.

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