Deathco

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Deathco

Japon, de nos jours. Tremblez, tueurs vicieux et criminels avides ! La Guilde, une mystérieuse organisation, met un contrat sur vos têtes et lâche à vos trousses des reapers. Exécuteurs occasionnels, ces amateurs n’en sont pas moins redoutables, et l’énigmatique Deathco est la meilleure d’entre eux… Fidèle à ses marottes, Atsushi Kaneko installe son petit théâtre coutumier : monstres de foire, filles à papa sanguinaires, ambiances glauques et burlesques, personnages hallucinés aussi effrayants que ridicules… Pourtant, son nouvel opus louche moins vers David Lynch que Tim Burton. Aussi sanglants et atroces que puissent être ces assassinats et ces règlements de compte, leur démesure est telle qu’elle prête à sourire. De la violence, oui, mais pour de faux, option Grand Guignol ; tout est ici plus suggéré que montré et d’éventuels censeurs auraient bien du mal à pointer telle ou telle case, ce qui n’en fait pas pour autant une BD lénifiante…

Avec Deathco, Kaneko, dont on avait déjà perçu le potentiel avec Bambi, Soil et l’excellent Wet Moon, s’affirme comme un maître consommé de la mise en scène et de la narration sans paroles ou presque. Marqué à ses débuts par la BD américaine indépendante (Paul Pope, Charles Burns) et le graphisme punk, l’auteur, qui vit à ­Tokyo, a encore peaufiné son style. Désormais la performance graphique n’éclipse plus le scénario, ni les personnages. Particulièrement réussie, qu’il s’agisse de Madame, de Lee, son minuscule larbin, des malfrats psychopathes ou de leurs bourreaux, cette galerie d’affreux sert d’écrin à Deathco, la pire Lolita gothique que l’on ait vu depuis des lustres ! Comme sortie d’un dessin de Suehiro Maruo, cette jeune fille à la beauté vénéneuse et complètement cintrée aimante le regard. Un concentré de sale gosse, une innocente aux mains pleines (de sang !) que l’on ne parvient pas pourtant à détester. — Stéphane Jarno

 

Ed. Casterman, 2 volumes parus, 190 p., 8,45 € chaque.

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