Culottées (volume 2)

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Culottées (volume 2)

Un exercice de style. Trente femmes, trente destins, que Pénélope Bagieu s’est attachée à faire tenir chacun dans une dizaine de pages. Certaines ont encore les faveurs de la renommée (Peggy Guggenheim, Hedy Lamarr, Katia Krafft), mais la plupart sont anonymes. Qui connaît — ou se souvient — de ­Naziq al-Abid, figure de l’indépendance syrienne, de l’astronaute Mae Jemison ou de « la reine des bandits » Phulan ­Devi ? Issues de pays, de cultures et d’époques différents, ces femmes ont un point commun : elles n’en font qu’à leur tête. Avec beaucoup d’efforts et de sacrifices, souvent contre vents et maris, toutes ont surmonté les a priori et les interdits liés au « deuxième sexe ». Pour l’auteure de Cadavre exquis et de California Dreamin’, il s’agissait, en les sortant de l’ombre, de réparer une injustice, mais aussi d’affirmer haut et fort ses convictions féministes.

Impossible cependant d’être ex­haus­tive sur un format si court. Bagieu a axé ses récits sur quelques faits marquants… quitte à en occulter d’autres. Ni historienne ni affabulatrice, la Française, qui réside à présent à New York, évolue sans cesse sur un fil. Pour relever cet oscillant défi narratif, il ne suffit pas de chausser des ballerines et de prendre un air dégagé. Equilibre, concentration, clarté, tension, et surtout sens du tempo : la dessinatrice a dû se plier aux règles d’airain du portrait ramassé, de l’Histoire sur le pouce. Un exercice complexe, et prépublié sur son blog, dont elle se sort plutôt bien grâce à la vivacité de son trait et à son humour piquant. Si quelques histoires pèchent par manque de distance ou excès de texte, d’autres, comme celles de l’autiste et éthologue Temple Grandin et de la muse et chanteuse Betty Davis, sont des petits bijoux où la forme sertit brillamment le propos. — Stéphane Jarno

 

Ed. Gallimard, 168 p., 20,50 €.

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