Corps variables

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Corps variables

Et si la mort n’existait plus ? Et si des âmes défuntes réincarnaient sans fin des cadavres oubliés ? Le fantasme n’est pas neuf. Sauf que Marcel Theroux, 47 ans, rejeton d’une brillante lignée d’écrivains britanniques, lui offre ici d’étonnants « corps variables » où s’arrimer, soit une espèce de surréalité passée au fil de la science, de la métaphysique, de la politique, de la poésie… C’est pour expertiser des écrits inédits du critique et lexicographe Samuel Johnson (1709-1784), vénéré en Grande-Bretagne et qu’il étudie lui-même depuis des années, que l’universitaire Nicholas Slopen s’embarque ici dans la plus fabuleuse et terrifiante des aventures. Car il découvre vite que ces écrits, fraîchement rédigés sur papier d’aujourd’hui, ne peuvent avoir été pensés par nul autre que… Samuel Johnson. Mystère. On plonge doucement dans un fantastique mâtiné de gothique, au coeur d’inquiétantes demeures aristocratiques londoniennes… Manipulant correspondances, journaux, billets, comptes rendus médicaux, Marcel Theroux est un vénéneux conteur. Qui pimente encore son histoire extraordinaire de références à l’URSS, à ses découvertes et conquêtes, à ses secrets aussi… Au bord de la science-fiction, il invite surtout à rêver au langage. Qui nous crée, nous construit. C’est parce que nous ne savions pas encore parler que nous ne nous souvenons pas de notre première enfance. C’est parce que nous n’avons pas toujours les mots que nous ne savons pas tout penser. C’est parce que nous nous y perdons dans des situations rares mais finement décrites que nous sortons de ce roman ensorcelés. — Fabienne Pascaud

 

Strange Bodies, traduit de l’anglais par Stéphane Roques, éd. Plon, collection Feux croisés, 312 p., 20,90 €.

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