Compagnie K

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Compagnie K

Ils s’appellent Updike, Riggin, Calhoun ou Dickson. Ils sont capitaines, lieutenants, caporaux ou simples soldats. Tous Américains, engagés dans l’US Marines Corps qui arrive en France en 1917. Ils disent ce qu’ils voient, se disputent pour savoir s’il faut exécuter l’ordre de mitrailler des prisonniers allemands ; ils entendent, pétrifiés, le tic-tac de leur montre avant l’assaut. Blessés, entassés et étouffés dans la puanteur des trains sanitaires, ils aperçoivent des bouts de campagne française « couverte de coquelicots et de moutarde en fleur ». Une vision de paix entre la vie et la mort. Les situations grotesques et dramatiques s’enchaînent en l’espace d’un moment de vie ou de trépas, d’un flash ou d’un dialogue. Un chien devenu fou sous les bombardements tourne sur lui-même, un homme sort des tranchées pour se faire tuer en criant qu’il veut mourir. Un autre, blessé et pris dans les barbelés, est achevé par un Allemand qui le prend en pitié. Parfois, des combattants racontent leur propre mort, ou évoquent celles qu’ils ont données à coups de fusil ou de baïonnette, d’autres voient le sang jaillir de la gorge d’un camarade qui ne peut finir sa phrase…

Scènes de quelques secondes, ­séquences de plusieurs semaines, bru­talité de l’instant ou attentes inter­minables, ces temps différents se déclinent au long de ces témoignages fictifs, qui composent un roman magistral, pulvérisant tous les bons sen­timents. Mais sont-ils fictifs, vraiment ? William March (1893-1954) a fait la guerre, en est revenu couvert de ­médailles mais surtout submergé par les souvenirs, qu’il ne pouvait oublier. La guerre qu’il raconte est effroyable, stupide, incohérente, hasardeuse, ­menée par des hommes qui condensent toute la palette d’une humanité condamnée à l’inhumanité. En 1933, quand il publie ce livre – demeuré inédit en français jusqu’à ce jour –, March a fait dire à cent treize soldats tout ce que contient la guerre : quelques secondes d’effroi et des années à souffrir.

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