Comment tirer sa révérence

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Comment tirer sa révérence

C’est un texte nocturne, d’une grande beauté formelle, qu’on lit les yeux captifs et le coeur chahuté. L’auteur met en scène deux tueurs à gages, à Glasgow, de nos jours. Un vieux, Frank MacLeod, sur la pente descendante. Et un plus jeune, Colum MacLean, étoile montante de la profession. Les phrases sont brèves, précises, aussi tranchantes que le regard qui s’attache aux détails, dont aucun n’est inutile. Ils disent la misère et la violence, le déterminisme social, les êtres englués dès leur plus jeune âge : pas de choix, juste la nécessité de survivre. Malcolm Mackay observe avec une grande acuité les gangs et leurs conflits, leurs hommes de tête et de main, les rapports entre pègre et police. Pas de complaisance, aucune mythologie. Juste la brutalité de ce milieu où les soi-disant codes d’honneur se limitent à la loi du fric et du plus fort.

Mackay déshéroïse le roman noir, approche au plus près la vérité de son sujet, l’organisation mafieuse, la donne à voir, dans toute sa crudité, avec des moyens presque documentaires. Le quotidien du « métier » de tueur, la préparation et l’exécution d’un meurtre sont ainsi décrits par le menu avec une singulière puissance, portée par l’épure du style, behavioriste, hammettien, d’une impressionnante maîtrise. On pense au Samouraï de Jean-Pierre Melville et au personnage de Jef Costello, magnifiquement interprété par Alain Delon. Mackay montre la solitude de ses tueurs, leur paranoïa, leur destin forcément fra­cassé, le roman s’élevant alors, comme ses personnages, à la dimension de la tragédie. Second volume d’une trilogie, ce nouveau texte confirme ainsi brillamment les qualités du premier. Sa lecture est addictive, et proprement éblouissante.

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