Comment les rabbins font les enfants

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Comment les rabbins font les enfants

La grossesse, « chute ou élévation » ? En français, on dit qu’une femme « tombe enceinte », alors qu’en hébreu la grossesse se nomme « herayion », mot tiré d’une racine qui signifie « montagne » ou « hauteur ». « La gestation hébraïque constitue donc une escalade, qui cul­mine au neuvième mois de l’ascension », écrit Delphine Horvilleur. Après En tenue d’Eve. Féminin, pudeur et judaïsme (2013), cette femme rabbin née en 1974, qui exerce au MJLF (Mouvement juif libéral de France), poursuit sa réflexion sur les trajectoires du féminin, depuis le texte biblique jusqu’aux sociétés d’aujourd’hui. Alors que l’obsession identitaire n’a jamais été aussi forte, son nouvel essai, Comment les rabbins font les enfants, sous-titré Sexe, transmission, identité dans le judaïsme, apporte un éclairage fin sur la question de la filiation. Cette dernière tient dans un subtil dosage : « Ne pas appartenir condamne à mourir et trop appartenir, à ne jamais devenir soi. » De la ­figure de la mère juive, objet de nombreuses blagues (« Mon chéri, mets un pull, parce que j’ai froid ! »), à celle de Ruth (la convertie et pourtant « ancêtre directe de la lignée messianique »), en passant par les frères ennemis Abel et Caïn ou encore le rite de la circoncision, Delphine Horvilleur se change en première de cordée, pédagogue passionnée. Au sommet se dévoile une vérité : les rites et récits juifs font toujours écho à un « devoir de coupure ». Et d’ouverture. Comment accueillir, faire de la place à l’autre ? Une question d’actualité. — Juliette Cerf

 

Ed. Grasset, 216 p., 18 €.

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