Une musicienne de rue se fait aborder par un réalisateur italien mythomane, deux gangsters se tiennent en joue tout en évoquant leurs souvenirs, un détective privé retrouve un surfeur solitaire sur une plage en hiver, un couple peine à se séparer, d’autres à se former… Les dix-sept courtes histoires de Coffee Time n’ont a priori rien à voir. Elles se complètent subtilement, se font écho, mélangeant parfois leurs personnages et leurs arômes comme dans une composition florale japonaise, un ikebana. Tetsuya Toyoda brode sur le même thème, celui des rencontres improbables, des situations incongrues, du point de rupture. Toujours sur le fil, prêtes à basculer dans l’absurde, le grotesque ou le drame, ses nouvelles sont moins centrées sur l’intrigue que sur les personnages. S’il se passe parfois quelque chose, un accident de la route, un échange de coups de feu, un cataclysme, c’est toujours hors champ. Seuls comptent les personnages, des gens ordinaires, désabusés, souvent cabossés par la vie, mais qui s’y cramponnent et se contentent de l’inestimable plaisir d’une tasse de bon café.
Cet aimable fil rouge donne son nom au recueil et permet à l’auteur de parler de torréfaction ou de déclarer sa flamme aux arabicas « typica » ! Mangaka singulier, auteur de Goggles ainsi que du magnifique Undercurrent, déjà publiés en France, Tetsuya Toyoda disparaît régulièrement dans la nature pour, dit-il, rester au contact de la vraie vie. S’il excelle dans l’ellipse et la narration graphique, la justesse de ses dialogues est également remarquable. Pas de doute, il y a du Raymond Carver chez cet homme-là !
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