Ciels de Loire

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Ciels de Loire

Ce n’est pas tout à fait la suite de La Petite Borde, paru l’an dernier, à moins qu’on ne prenne le mot au sens musical du terme. C’est son couvercle, ou son firmament, car Emmanuelle Guattari écrit comme cela, en étoiles, en constellations, en scintillements. Le premier livre de la fille de Félix Guattari, fondateur de la clinique psychiatrique de La Borde, était une couronne de souvenirs d’enfance, posée sur l’absence d’une mère. Le deuxième, que voici, auréolé de son titre céleste, évoque le repli d’une famille (ou l’envol, car les deux ne sont pas incompatibles chez cette romancière des contraires) dans ce qu’on appelle l’âge adulte, qui commença par un exil forcé, loin de l’asile qui l’avait vue grandir. Les verbes hésitent entre le présent et le passé, les images font mouche, discrètes et justes. Ramassée, l’écriture sectionne la mémoire en Polaroid éblouissants, criants de vérité. Elle capte l’univers, « le réel, le monde tangible. Le décor pratique, celui qui fait la toile de fond de notre présence au monde. Celui que les enfants ne gouvernent pas et que leur organisent les adultes ».

D’où un livre très visuel, ancré dans une France à la Depardon, avec des intérieurs chiches et des extérieurs inertes, espace d’expansion infinie malgré l’apparente petitesse. Mais c’est à croquer les êtres qu’Emmanuelle Guattari est la plus avertie. Leurs traces de morsures dans la vie qui s’écoule, tant bien (pour certains) que mal (pour d’autres) n’a pas de secrets pour elle. Frère, oncle, père, mère, amie, chacun est pris dans ce qu’il offre de plus saugrenu, de plus décisif. Membres de la même espèce, ils échangent des éclairs de complicité au hasard de l’existence, toujours simple. Mis bout à bout, ces clichés pris sur le vif dessinent les contours d’une belle harmonie humaine. De celle qui permet d’avancer avec courage, et d’écrire des livres humbles et vifs comme celui-là.

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