Charlot. Histoire d’un mythe

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Charlot. Histoire d’un mythe

« Sa moustache, sa canne, son melon, ses godillots et sa drôle de démarche » viennent de fêter leurs 100 ans : le 7 février 1914, Charlot apparaissait pour la première fois à l’écran dans Charlot est content de lui. Une bonne occasion pour dévorer, le sourire aux lèvres, ce recueil de textes concocté par Daniel Banda et José Moure. Le premier paradoxe du petit homme muet, c’est d’avoir fait beaucoup parler de lui : philosophes et écrivains ont tout de suite pris la plume pour lui déclarer leur flamme, analyser son art et ses manières, décrypter le mythe. Dès 1920, l’historien d’art Elie Faure écrivait : « J’ai beaucoup fréquenté Charlot, celui de l’écran lumineux. Et je prie de croire que je ne plaisante pas le moins du monde si j’affirme que depuis Montaigne, Cervantès, et Dostoïevski, c’est l’homme qui m’a le plus appris. »

Charlot, c’est d’abord une silhouette reconnaissable entre mille : il « existe tout simplement, constate le critique André Bazin. Il est une forme blanche et noire imprimée dans les sels d’argent de l’orthochromatique ». Une forme parfaite, parfaitement placée sous le signe de la contradiction : « Je voulais que tout fût en contradiction : le pantalon exagérément large, l’habit étroit, le chapeau trop petit et les chaussures énormes », confie son créateur, Charlie Chaplin, dans Histoire de ma vie. Incarnation de la force du faible (Kracauer), figure d’exilé, de paria (Arendt), prolétaire qui a faim (Barthes), âme moderne (Michaux), Charlot a traversé les soubresauts du siècle, jusqu’à ce geste politique subversif : en 1940, il tourne Hitler en dérision dans Le Dictateur. Malgré tout, ce personnage comique reste libre, irréductible, vivant dans un « détachement suprême à l’égard du temps biographique et social » (Bazin). Héros burlesque par excellence.

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