Cette nuit, je l’ai vue

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Cette nuit, je l’ai vue

Ils sont cinq narrateurs, cinq voix qui se succèdent pour raconter l'histoire. Celle d'une femme, Veronika, flamboyante héroïne dont le fil du destin finira par se briser dans le tumulte de l'histoire européenne du mitan du XXe siè­cle. C'est d'abord Stevo qui prend la parole ; pour raconter de quelle façon, modeste officier dans l'armée royale yougoslave, il rencontra en 1937 la fantasque Veronika, grande bourgeoise slovène, belle et non con­formiste, et devint son amant. Pour lui, Stevo, elle quitta sans hésiter son mari, son statut social, et ensemble ils échouèrent dans une ville de garnison, au fin fond de la Serbie, si loin de Ljubljana. Leur amour, certes, y survivra – car cet amour est de ceux dont on fait des poèmes et des chansons populaires, de ceux qui survivent à tout –, mais pas le couple adultérin qu'ils forment. Veronika s'en retournera bientôt auprès de son époux.

Quand Stevo quitte la scène, c'est Mme Josipina, la mère de Veronika, qui y fait son entrée. Pour dire la mélancolie qui l'étreint, alors que la guerre s'achève et qu'elle vit seule désormais, entourée de ses fantômes : son époux décédé, Veronika et son mari disparus une nuit de leur manoir des environs de Ljubljana, emmenés par de mystérieux visiteurs. Les trois narrateurs qui suivront – un ami allemand du couple disparu, la gouvernante du manoir, un paysan slovène engagé dans le maquis à la suite de l'invasion de la Slovénie par l'armée du Reich – compléteront peu à peu l'histoire. Pour mieux dire, les histoires : celle de Veronika, celle de son pays, celle de l'Europe centrale, celle d'un ancien mode de vie et de pensée désagrégé, d'un ordre politique et culturel en miettes. Des histoires étroitement entrelacées et confondues par le romancier slovène Drago Jancar, qui, avec ce beau livre, infiniment grave et sensuel, s'impose comme l'héritier direct et assumé de la grande littérature mitteleuropéenne.

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