Florence, fin du xve siècle. La Renaissance est à son apogée ; jamais depuis l’Empire romain, l’Italie n’a brillé aussi intensément. Phare artistique et intellectuel de l’Europe, berceau de la papauté, terre de commerce et de richesse, cette mosaïque de royaumes et de cités est régie par de puissantes familles : les Médicis, les Della Rovere et bien sûr les Borgia. Dans ce monde cruel et sophistiqué, où les sourires sont parfois plus dangereux que les dagues et les stylets, le jeune Angelo fait figure d’extraterrestre. Impulsif et maladroit, ce plébéien perdu au milieu des fils de seigneurs qui fréquentent l’université de Pise s’attire cependant les sympathies du plus charismatique d’entre eux, Cesare Borgia. Fascinée par cette époque d’exception où se croisaient Leonard de Vinci, Machiavel et Botticelli, Fuyumi Soryo a accompli un extraordinaire travail de reconstitution. Epaulée par l’universitaire nippon et grand spécialiste de Dante Motoaki Hara, la mangaka a épluché et recoupé tous les documents disponibles. Sans occulter les zones d’ombre du personnage, Cesare, son portrait du plus controversé des Borgia, ne cède en rien au sensationnalisme et rétablit, au contraire, certaines vérités historiques mises à mal par de récentes adaptations télévisuelles. Nourrie par les idées et les questions qui agitaient les hommes de cette époque, cette fresque complexe, entamée depuis huit ans au Japon, donne surtout à réfléchir sur les notions d’individu, de pouvoir et de famille. Remarquable. — Stéphane Jarno
Chezare : hakai no sozosha, traduit du japonais par Sébastien Ludmann Ed. Ki-oon 2 volumes parus, 234 p., 7,90 € chacun.
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