Carnets noirs

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Carnets noirs

Presque trente ans après Misery, Stephen King renoue avec un vieux cauchemar : le fan forcené. Accro à la fiction comme à une drogue dure. Capable de tout pour avoir sa dose, y compris de torturer ou de tuer. Dans les années 1970, un jeune homme rebelle et instable, Morris Bellamy, cambriole et assassine son auteur fétiche, le célèbre romancier John Rothstein, coupable d’avoir un jour cessé toute publication, et surtout d’avoir « trahi » son personnage principal. Mais Bellamy est aussi malchanceux que psychopathe : pas le temps de dévorer les dizaines de manuscrits inédits volés, à peine le temps de les enterrer sous un arbre, comme un trésor de pirates, et le voilà en prison pour très longtemps. Alors qu’il vieillit en cellule, un lycéen d’aujourd’hui tombe par hasard sur le fabuleux butin…

Deuxième polar d’une trilogie dans une bourgade américaine en crise, Carnets noirs reprend avec affection la petite bande de détectives du premier volet, Mr Mercedes : un flic à la retraite, une vieille fille névrosée et un étudiant noir. Mais ces héros récurrents n’interviennent qu’en filigrane d’une histoire tout entière vouée à la puissance d’évocation de l’écriture et à ses effets fort peu secondaires sur la psyché du lecteur. Qu’importe, dès lors, si la trame « policière » est plutôt prévisible. Seul compte l’hommage vibrant, chaleureux à la littérature américaine en général et à l’un de ses mythes en particulier : les fantômes de Holden Caulfield, le jeune héros révolté de L’Attrape-coeurs, et de Salinger hantent chaque page. Une belle déclaration d’amour, en attendant de revenir (dans le troisième tome ?) sur les terres familières du fantastique. — Cécile Mury

 

Finders Keepers, traduit de l’anglais (Etat-Unis) par Océane Bies et Nadine Gassie, éd. Albin Michel, 432 p., 22,50 €.

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